mardi 22 novembre 2011

Rencontre avec Gilles Moyne - Centre ATHENAS, L’Etoile - 14 octobre 2011


Gilles Moyne est le Directeur du Centre ATHENAS, seul centre aujourd’hui habilité à recueillir des lynx en France.

Je me suis demandée d’où venait ce privilège. Voici quelques réponses :

Le centre a été créé en 1987 et « à l’époque il n'existait pas de réglementation pour les centres de sauvegarde de la faune sauvage», explique Gilles Moyne, « aujourd’hui les centres de soins aux animaux doivent répondre aux exigences de l’UFCS (Union Française des Centres de Sauvegarde de la faune sauvage). Les centres ne sont pas ouverts au public par exemple ».

"En 1990, les années d’expériences acquises valaient une qualification dont, dans notre cas, celle de pouvoir pratiquer des soins sur les lynx. Depuis, 19 lynx sont passés par le Centre."
Un certificat de capacité pour les espèces d’oiseaux et mammifères de la faune métropolitaine est délivré nominativement, pour une durée indéterminée et celui-ci ne peut pas être remis en cause, sauf délit grave.

C’est à partir du 11 septembre 1992 que les centres ont été encadrés par la création d’un arrêté.

Ce dernier définit les « règles générales de fonctionnement et les caractéristiques des installations des établissements qui pratiquent des soins sur les animaux de la faune sauvage ». (cf. lien suivant : Légifrance)

« Les conditions de capture et de transport ont été endus moins faciles par la récente réglementation (2010) et les captures comme les relâchers de lynx nécessitent une dérogation », continue Gilles Moyne.
ATHENAS possède une autorisation de transport pour toutes les espèces.

Le centre a des possibilités d’intervenir dans des cadres particuliers. Dans le cas des jeunes lynx, ils doivent être pris en charge très rapidement : au-delà de 24h après la première observation du lynx en pleine nature, il y a peu de chance de pouvoir le récupérer.

« Il est nécessaire d'avoir une dérogation permanente pour pouvoir être réactif et mener une action rapide », explique le Directeur d’ATHENAS.
Des vétérinaires travaillent avec l’association et aident aux soins sur le lynx jusqu'au jour où celui-ci a:
- l’âge normal d’émancipation
- une stature leur permette de capturer des ongulés
- une ressource alimentaire plus abondante dans la nature (printemps)

- « Comment leur apprenez-vous à chasser quand ils sont encore au centre ? »
- « On tente de développer leurs réflexes en leur apportant des lapins de garenne vivants, en les entraînant à la mise à mort par strangulation sur des chevreuils. »
Quand la proie atteint 70 à 80% de son poids adulte, on peut deviner qu’il est fatiguant pour le lynx de poursuivre l’animal. Des observations au centre leur ont montré que le lynx est très essoufflé après avoir poursuivi et mise à mort sa proie. C'est un moment de grande tension et une grosse dépense d'énergie. Il ne se met à la consommer qu’après un temps de repos.

« On essaie de limiter au maximum le stress de la captivité. Si les lynx sont recueillis à 5/7 mois, il n’y a plus de risque de familiarisation avec l’Homme. »


Les recherches actuelles sur le lynx :

Explications de Gilles Moyne :

 Nous travaillons avec le CNRS de Strasbourg sur le suivi après relâché par GPS.

Un accéléromètre est intégré sur les colliers que nous disposons sur le cou de l’animal : des impulsions sont enregistrés et permettent de nous dire, après décodage, si l’animal est debout, assis, en train de courir…etc. Pour l'instant ce dispositif n'est expériementé que sur les chats forestiers. Il est prévu de l'expériementé sur les lynx à partir de 2010.

Cette pose de collier nous a permis de valider le protocole d’élevage. Cela permet de s’assurer que l’animal se réinsère correctement dans la nature ; le suivi de l’animal après réinsertion nous est demandé par le Ministère, c'est une des conditions dont est assortie la dérogation.

Nous utilisons les balises GPS Argos. La batterie du collier est censée durer 1 an au bout duquel il y a décrochage automatique. Le collier transmet tous les 2 jours au satellite les données des deux jours écoulés.



Projet du Centre :

Le centre travaille sur un projet d'agrandissement avec une partie totalement indépendante ouverte au public. Cela permettra de découvrir des félidés (lynx et chats forestier) en semi-liberté avec une observation discrète qui respecte l’animal.

Les individus non relâchables seront pour la partie public (avec notamment le chat forestier) et les individus relâchables seront gardés au centre pour ne pas qu’il y ait de contact avec l’Homme.

Le but de cet aménagement peu banal permettra par la même occasion de sensibiliser la population en faisant de la communication positive sur l'espèce, a contrario de ce qui est trop souvent vu dans la presse.

Reportage :

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