lundi 16 janvier 2012

Le peuple Sami, les élevages de rennes et le lynx


  • HISTORIQUE ET CONTEXTE

La terre du peuple Sami se nomme Sápmi. Cette superficie s'étend à travers quatre pays, la Suède, la Norvège, la Finlande et la Russie. Les Samis ont vécusur ce domaine depuis des temps révolus, avant même qu'ils ne soient envahis et colonisés. A l’origine, latraditionnelle région Sami était plus vaste, mais petit à petit elle s’est vue limitée…

Aujourd’hui, environ70 000 Samis vivent en Scandinavie :
- Environ 40 000 en Norvège
- Environ 20 000 enSuède
- Environ 6 000 en Finlande
- Environ 2 000 en Russie
Ces populations autochtones de la Scandinavie ont leur propre culture, langue, coutumes et traditions qui sont bien différentes de celles de notre société.

La communauté Siida - une chasse organisée et la sociétéde collecte

A l’époque où les Samis vivaient encore sans être affectés par les pays nordiques, ils étaient organisésen systèmes locaux, les Siida. Le Siida contrôlaitune certaine zone, qu’aucune autreSiida ne pouvait utiliser. Le Siida était une équipe de chasse efficace et composée d'une dizaine de familles qui, ensemble, utilisaient la terre et l'eau. Au sein du Siida, les terrains de chasse et les cours d’eau de la pêche étaient répartis selon les besoins. Ils faisaient des migrations saisonnières en fonction de ce que la nature leur offrait.

La nourriture principale était la viande de renne sauvage, d'autres animaux sauvages et les poissons.Baies et légumes ont aussi fait partie de la nourriture.


Le piégeage

Une méthode courante de la chasse était l'utilisation de pièges. Au début les pièges étaient faits de tendons, de retors de crin, de chanvre et de fil de lin. Plus tard, le fil de laiton et le cuivre ont été utilisés. Les animaux piégés étaientdes rennes sauvages, des ours, des coqs de bruyère, des tétras et des lagopèdes.

Négociation

Déjà à un âge précoce, des personnes environnantes ont commencé à commercer avec les Samis. Les fourrures étaient des marchandises importantes comme par exemple, l'écureuil, la martre, le renard, le carcajou, le lynx, l'ours et les rennes.
Le coq de bruyère, le tétras et la poule noisette ont également été des marchandises. Progressivement, les pays nordiques ont commencé à percevoir les impôts du peuple Sami et les fourrures étaient souvent utilisées comme moyen de paiement.


  • LE DEVELOPPEMENT DE L'ELEVAGE DE RENNES

    Au 17ème siècle, les troupeaux de rennes sauvages ont diminué et les pays nordiques introduisirentun nouveau système fiscal. Ce changement signifiait que les Samis allaient devoir trouver de nouvelles façons de subvenir à leurs besoins pour satisfaire ce nouveau système d’impôt des États. Cela signifiait aussi que les besoins en rennes allaient augmentés car la plupart des impôts étaient payés avec de la viande et de la fourrure de rennes. La population Sami a également augmenté durant cette période, ils ne pouvaient plus faire face aux besoins uniquement par la pêche et la chasse.
    C’est à cette époque que les Sami ont augmenté leurs troupeaux de rennes apprivoisés, ce qui a conduit à la fin de la communauté des chasseurs. L'élevage de rennes est devenu progressivement le gagne-pain principal pour la population Sami.

    Les rennes au centre de la vie Sami

    Lorsque l'élevage de rennes est devenu un moyen de subsistance essentiel, les rennes ont alors eu un fort impact sur les Samis : ils ont imprégnés leur culture et leur mode de vie. La vie des Sami s’est adaptée à celle du renne : ils ont suivi les migrations annuelles du renne entre leurs différents pâturages.

    Le marquage des jeunes rennes


    Lorsque les troupeaux de rennes sont devenus plus conséquents, les Samis ont dû commencer à marquer leurs animaux pour discerner à qui ils appartenaient. Afin de les distinguer, les jeunes rennes sont marqués au niveau des oreilles avec une combinaison d’entailles. Une trace écrite est conservée pour connaître le nombre de rennes marqués. Une marque de renne est personnelle et est transmise de génération en génération dans une même famille. Le petit renne suit sa mère, il est donc possible de savoir à qui il appartient.



    L’ELEVAGE DES RENNES TOUT AU LONG DE L'ANNEE

    Camp de printemps – vêlage

    En mai, ils étaient dans le camp de printemps (souvent le même que le camp d'automne), qui était située dans les hautes régions de la forêt de bouleaux. Ils y restaient pendant environ 1 ½ - 2 mois. Pendant ce temps, les rennes vêlaient et les petits rennes avaient une chance de se renforcer avant que la migration estivale ne commence.

    La migration d'été

    La migration estivale avait lieu dans la deuxième quinzaine de juin. Ils se déplaçaient à l'ouest vers les régions de haute montagne, à flanc de montagne, vers lesfjords ou sur les îles.
    Ils restent dans le camp dété pendant environdeux mois. La tente est miseen place en amont. Si leur logement se situait près d’un lac, ils avaient souvent recours à unbateau et des filets pour la pêche.
    © Jason Roberts/Jason Roberts Productions

    La migration automnale

    À la fin du mois d'août, la migration vers le camp d’automne commence. Le renne porteles bagages sur son dos.
    En Septembre, ils viennent au camp d'automne et y restent pendant2 mois. Certains des mâles sont castrés puis apprivoisés pour tirer des traîneaux. Ceci se fait également avantla saison du rut vers la fin septembre.Sinon la viande des rennes mâles a mauvais goût etn'est pas comestible.
    Copyright © (C) Bryan and Cherry Alexander Photography

    Attroupement des rennes

    Pendant Octobre, les rennes qui parcouraient relativement librement les terres en Septembre sont regroupés en fonction de familles en les séparant au lasso.

    Migration d’hiver

    Elle a habituellement lieu en novembre.Ils se déplacent vers les terres de forêt. Les hommes partaient avec le troupeau de rennes et les chiens étaient d'une grande aide pour garder le troupeau regroupé. Après le troupeau viennent les traîneaux de rennes, souvent dirigés par les femmes.

    En décembre ils arrivent aux pâturages d'hiver qui sont souvent situés dans les forêts de conifères. Pendant l'hiver, ils gardentle troupeau et le déplace entre les différentes zones de pâturage.


    Camp d'hiver

    Ils restent dans les pâturages d'hiver jusqu'au milieu du mois d'avril. Si le pâturage était bon, ils pouvaient eux-mêmes s’occuper d'autres corvées comme fabriquer des traîneaux, des skis, etc. Les femmes faisaient de l'artisanat.

    La migration printanière

    Elle commence au milieu du mois d'avril. Ils passent ensuite au camp de printemps. Ils s’y rendent relativement vite : il est nécessaire d’arriver au camp de printemps avant que la saison de vêlage ne débute. Ils se déplacent souvent la nuit, quand la neige rend les chemins difficiles à parcourir.

    Le renne : nourriture et habitat

    Les rennes se nourrissent de différentes sortes de lichens et d’environ 250 espèces de plantes. La nourriture d'hiver (lichens) n’est pas très nutritive et ne satisfait pas les besoins en énergie des rennes. Par conséquent, en été/automne, les rennes se constituent une réserve importante de graisse pour survivre l'hiver.


    Un renne mâle peut atteindre un poids de 100-150 kg
    Un renne femelle a un poids de 60-90 kg
    En Suède, il y a des rennes de montagne et des rennes des forêts. Le renne de montagne vit en altitude pendant la saison estivale et dans les forêts pendant la saison hivernale. Le renne de forêt demeure dans la forêt durant toute l'année. En Scandinavie, les rennes sont semi domestiqués (en partie apprivoisés) et sont parqués à la fois dans la montagne et la région forestière.

    • L'ELEVAGE DE RENNES AUJOURD'HUI
    Le village lapon d'aujourd'hui

    ©Raymond Molony

    Aujourd'hui les anciennes et nouvelles technologies se côtoient. Un bon exemple est que leschiens de troupeau et le lasso sont toujours utilisés régulièrement avec lesmotoneiges. Le développement technologique conduit régulièrement l'élevage de rennes à évoluer. Les chiens de traineaux constituent toujours un moyen très rapide (et écologique) pour se déplacer.

    Chiens de traîneau vers Kiruna © Landeline Valory


    Actuellement, l'élevage de rennes demeure dans les villages samis. Un village sami est une région géographique et une coopération économique. Dans cette zone, les membres du village sami ont le droit de travailler avec leurs troupeaux de rennes, de chasser et de pêcher.
    La Suède compte 51 villages samis, qui sont divisés en petits villages de montagne, de forêt et de concession Sami. Les villages de montagne Sami se déplacent avec leurs rennes, entre les montagnes en été et les forêts de conifères en hiver.
    - Il y a un peu plus de 4500propriétaires de rennes en Suède
    - Il y a environ 230 000 rennes en Suède
    - L'élevage de rennes secteur représente environ 40% de la superficie de la Suède


    Des migrations constantes
    Dans tous les villages samis les rennes se promènent et se déplacent entre les différents pâturages. Les zones de pâturageont des caractéristiques différentes d'importancesdiverses pour les rennes en fonction de la période de l'année. Pour se déplacer entre les différents domaines, les Sami utilisent des sentiers pédestres souvent très anciens.

    Suivant la période de l'année, les éleveurs de rennes utilisent différents enclos pour la collecte, l’attroupement, le marquage et/ou l'abattage des rennes.

    © Jason Roberts/Jason Roberts Productions

    Une entreprise contrôlée par la nature

    L'élevage de rennes est probablementla seule forme nomade d’élevage qui existe encore en Europe. C'estune entreprise qui dépend fortement des conditions naturellescomme la météo, la température, levent, la neige- les conditions de dégel, etc. Aucune année ne se ressemble.


    En Suède, il y a cinq grands prédateurs :le lynx, le carcajou, le loup, l'ours et l'aigle des rois. Tous sauf le loup partagent leur territoire avec la zone d'élevage de rennes. Pour cela, ces prédateurs constituent un danger de taille pour le renne et risque d’affecter le rendement de l’éleveur.

    C’est pourquoi il faut trouver unmoyen de réduire les attaques de lynx sur les troupeaux de rennes tout en respectant ce félin dont l’espèce est classée « en danger ».

    En février je rencontrerai un éleveur sami pour qu'il m'apporte sa vision ar rapport aux lynx.
    Affaire à suivre!

    Renne à Jukkasjärvi © Landeline Valory

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