mardi 6 décembre 2011

Rencontre avec Eric Girod de la DDT (17 oct. 2011)

     
Organisation des services de la DDT


      Eric Girod travaille à la Direction Départementale des Territoires au Service Gestion des Ressources et Milieux naturels.
Cette rencontre m’a permis de comprendre un peu plus le rôle de la DDT dans la gestion du lynx et d’éclaircir la question des indemnisations:

  • La DDT et le Réseau Lynx
Lorsque le loup ou le lynx commence à apparaître sur un territoire, c’est le préfet qui met en place le Réseau lynx dans le département concerné. Ce réseau d’observateurs permet une transparence des données et de regrouper un panel de gens différents.
L’ONCFS s’appuie sur la DDT pour mettre en place ce réseau à un niveau logistique. La DDT est un coordinateur administratif.
Chaque département a une autonomie plus grande pour le lynx, cela rend le travail plus facile pour centraliser les données.

Le recrutement des correspondants :

Toutes les candidatures ne sont pas retenues. La DDT planifie la formation et celle-ci est dirigée par des personnes de l’ONCFS qui exposent :
- la biologie du lynx
- la reconnaissance des traces
- comment observer des lynx
- comment interroger un témoin
- comment remplir les différents constats (le document remonte ensuite jusqu’au niveau national)


La DDT nomme ces correspondants et les réunit pour un bilan annuel où l’ONCFS Grands Prédateurs présente les actualités et chiffres récents. Cela permet d’entretenir la vie du réseau lynx et de connaître l’évolution de l’espèce.

  • Un point sur les indemnisations
          L’État français a choisi d’indemniser systématiquement les dégâts des grands prédateurs (ours, loup et lynx).
Après chaque attaque, un constat est établi par un agent de l’ONCFS formé à cet effet, si possible dans un délai de 48h (d’autres prédateurs peuvent venir profiter de la dépouille, le constat doit donc être fait dans les meilleurs délais). Les caractéristiques de l’attaque et l’état de la victime sont relevés. Une grille d’analyse permet de renseigner la cause de mortalité et la responsabilité du loup.
Le doute - crédible - profite à l’éleveur : sont indemnisées toutes les victimes de prédations pour lesquelles la responsabilité du loup n’est pas exclue. Les agents de l’ONCFS place généralement un piège photo à côté du cadavre de l’animal attaqué pour attester qu’il s’agit bien d’un lynx (ou non).
Les fiches de constats sont ensuite collectées par la DDT qui les transmet à l’ONCFS. L’indemnisation sera versée à l’agriculteur par l’ONCFS, elle-même financée par le Ministère de l’écologie et du développement durable.

Comme pour les dégâts d’ours ou de lynx, les indemnisations "loup" couvrent les pertes directes selon un barème établi (victimes tuées ou blessées) : elles prennent en charge la valeur de remplacement des animaux, c’est-à-dire le prix d’achat d’un animal vivant de même catégorie.

Les attaques de loup ont un impact plus fort que celles du lynx sur les troupeaux : l’odeur et le mode d’attaque peuvent provoquer un stress important du troupeau, susceptible de générer des avortements, un arrêt de la lactation, une moins bonne prise de poids des animaux et la dispersion du troupeau (risques de dérochement et de disparition de certains animaux). Aussi, l’indemnisation des attaques de loup inclut un forfait de compensation des pertes indirectes et la prise en charge des animaux disparus à hauteur de 15% des pertes directes. Les frais vétérinaires peuvent être compensés à hauteur de la valeur de l’animal. La décision appartient au préfet d’indemniser ou non l’agriculteur.
Source : http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/
Les conséquences sur le troupeau n’étant pas les mêmes dans le cas du lynx et celui du loup, les barèmes d’indemnisation sont différents. Par exemple, comme déjà préciser dans un précédent article, l’exploitant est indemnisé :
- 80c/animal faisant partie du troupeau attaqué par un loup
- 76c/animal faisant partie du troupeau attaqué par un lynx


  • Comportement Lynx vs. Loup
Le loup a un instinct tueur, contrairement au lynx, qui le pousse souvent a tué davantage que ce qu’il ne peut manger. Cet animal a une grande capacité de prédation : on passe de 1 à 2 cadavres par an avec le lynx à 10 à 14 cadavres par an pour le cas du loup. Il crée un plus gros choc au troupeau aussi.
Ce qui est assez typique chez le lynx c’est sa discrétion : il ne prélève en général qu’un seul animal à la fois et économise son énergie. Lors de sa consommation, il commence par les flancs, nettoie les os, ne démonte pas le squelette et ne mange pas les viscères. La perforation est généralement très fine dans le cas du lynx (environ 3mm de diamètre).
C’est à cela que l’on peut distinguer une attaque de lynx d’une attaque de loup.
Dans les espaces boisés, on recense 1 lynx aux 10 000ha (0.90 lynx aux 100km2) [Session intensive 2011 de piégeage photographique du Lynx (Lynx lynx) en Franche-Comté : estimation de densité sur deux sites de référence. Sylvain Gatti, Laetitia Blanc, Olivier Gimenez, Eric Marboutin].

Le lynx profite des opportunités : si un élevage est sur son territoire et qu’il le croise durant ces expéditions. Le loup, lui, va chercher ses proies, modifier son territoire ou son parcours pour en trouver, il fait plus d’écarts.

Une des conséquences de ces différences de comportement est que la perception est plus légère pour le lynx que pour le loup.

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