lundi 30 janvier 2012

Rôle du Conseil Administratif dans la régulation des lynx

      Article rédigé suite à la rencontre de Johan Månsson du Conseil administratif d'Uppsala

Données :
      Niveau minimum de lynx à assurer dans le Comté d'Uppsala: 23 lynx
      Niveau national minimum: 137 à 250 unités de famille




  • Situation d'Uppsala


Combien de lynx y a-t-il dans le Comté d'Uppsla? Quelle est la densité?

       Il y a entre 30(+ ou -5) unités de famille de lynx partagés avec les comtés alentour, ce qui équivaut à 180 lynx (+ ou -30) pour près de 7000km2. [1 lynx au 40km2!]Les lynx sont là où le gibier est ; il y a un grand nombre de lièvre et de chevreuil dans la région. Les lynx ont bien sûr un fort impact sur la population de chevreuils dans cet espace, c'est pourquoi nous devons réguler la population.

Photo source : interstices


Comment sont leur territoire?

       Actuellement, le territoire des lynx ont une superficie d'environ 20-30km2 pour les femelles et de 40-50km2 pour les mâles. Les territoires se recouvrent très souvent dans le cas où la mère et la fille vivent l'une à coté de l'autre. La mère lynx peut tolérer ses filles sur son territoire mais pas les autres lynx. Il est rare que les territoires des mâles se recouvrent. Exemple :

Photo source : KORA
Rouge : territoire des femelles
Bleue : territoire des mâles




  • Rôle du Conseil Administratif

            Les rôles principaux du Conseil Administratif est de:
- recenser les lynx présents dans le Comté
- décider des quotas de lynx à éliminer pour l'année dans le Comté
            Le CA estime la population en recensant les groupes familiaux ou unités de famille (i.e. une mère avec ses petits) car c'est beaucoup plus facile à réaliser et on peut en déduire le nombre d'individus avec une bonne approximation. En effet, une étude menée par le Centre de recherche de la vie sauvage de Grimsö a montré que le nombre de lynx pouvait être obtenu en multipliant le nombre de groupe familiaux par 5,5:

Nbr de lynx ≈ Nbr de groupe familiaux x 5,5



Comment procédez-vous pour recenser ces groupes familiaux?

       Le comptage est fait par traque. Pour cela, il est nécessaire d'avoir au moins deux mois de neige pour avoir le temps de les traquer. Cela prend beaucoup de temps pour les répertorier. Le CA traque le lynx dès les premières chutes de neige (Octobre en 2010, Décembre in 2011) jusqu'au dernier jour de février (la chasse du lynx commençant le 1er février et durant tout un mois). Parfois, ils doivent suivre les traces de pas sur 3km pour déterminer si elles appartiennent à un groupe familial ou à un seul animal : les petits marchent systématiquement dans les traces de leur mère, ce qui laisse croire qu'il ne s'agit que d'un seul animal. Il faut trouver un endroit où les traces se séparent enfin.

       L'équipe est composée de 6 personnes formées et entraînées : tous les membres doivent avoir le même niveau de connaissance.

Photo source : Singo

       Quelquefois ils doivent organiser une énorme opération, avec une méthode spéciale, pour déterminer si certaines traces sont dues à une ou deux groupes familiaux.

      Ils doivent attendre deux jours après que la neige ait cessé de tomber et cela nécessite près de 300 personnes pour rechercher les traces. Une fois sur place, lorsque quelqu'un trouve une voie de traces, il appelle la personne centrale chargée de collecter les données.  Ils suivent alors la voie dans le sens opposé de la marche du lynx pour remonter jusqu'à l'endroit où la neige a cessé de tomber, de cette manière il fixe un repère temporel sur les empreintes.

      Et s'ils trouvent d'autres traces qui ont été imprimées dans la neige à un autre endroit au même moment, cela prouve qu'il s'agit de deux familles distinctes.





       Le fait de traquer nous pousse à nous poser des questions, après beaucoup d'expérience vous pouvez être capable de savoir comment le lynx se comporte dans telle ou telle situation, capable de penser comme lui.

       Ensuite le Conseil Administratif doit envoyer un rapport à l'EPA, comportant toutes les traques de la saison et leurs résultats. L'EPA se charge ensuite de centraliser tous ces rapports dans une même base de données qui permet connaître l'état actuel de la population de lynx.



Avez-vous toutes les responsabilités d'un point de vue local sur les grands prédateurs comme le lynx?

       En ce qui concerne le recensement des grands prédateurs, le CA détient les responsabilités depuis au moins 10 ans. Plus tard en 2010, le CA a eu la responsabilité de la gestion de la chasse des lynx mais EPA décide encore des quotas, en se basant sur la récente dynamique de population du lynx, sur une aire qui peut englober 10 Comtés (35 lynx par exemple). Avant, EPA décidait des quotas sur chaque comtés mais aujourd'hui les démarches se font plus à l'échelle locale.

      Nous pouvons considérer trois grandes aires en Suède:
Le Nord: le lynx y est très fréquemment chassé pour prévenir les dommages sur les rennes
Le centre: le lynx y est réguler mais moins sévèrement
Le Sud : pas de chasse du lynx


        Les Comtés concernés organisent une réunion où ils se départagent les quotas entre eux, en se référant aux données des deux dernières années.
Ils se départagent les quotas grâce à un programme informatique : c'est une méthode scientifique et fiable.
Éliminer 100 lynx sur une population totale de 1500 n'a pas d'impact défavorable sur cette population selon le Centre de Recherche Grimsö.

Comment se fait-il que la chasse du lynx soit autorisée en Suède?

       Son statut reste le même que dans tous les autres pays de l'Union Européenne ayant signé la Convention de Berne (RAPPORT DE LA COMMISSION sur la mise en oeuvre de la directive 92/43/CEE concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages article 12 à 16)


       La Suède bénéficie d'une dérogation dans cette Convention qui lui autorise la chasse du lynx :

      "L'ours et le lynx sont protégés et ne peuvent être chassés que sous contrôle. Ils font tous deux parties des espèces vulnérables. Malgré la chasse, les populations d'ours et de lynx sont en augmentation croissante. Quelque 1 000 à 1 300 ours et 1 000 à 1 500 lynx sont dénombrés à l'heure actuelle. [...] Comme indiqué précédemment, des dérogations aux réglementations sur la protection ont été accordées pour certaines espèces (castor, carcajou, ours et lynx) dans le but de prévenir les dommages."



Qui est autorisé à chasser le lynx et combien y a-t-il de chasseurs en Suède?

      Toute personne qui détient la licence requise a le droit de chasser le lynx.
Il y a plus de 350 000 chasseurs organisés en Suède (pour un total de 9 088 728 hab. en Suède)



  • Dégâts dus au lynx


Les agriculteurs ont-ils le droit de tirer sur un lynx pour défendre leur bétail ou eux-mêmes?

       Les agriculteurs peuvent tirer sur le lynx pour protéger leur bétail ou eux-mêmes mais ce cas est différent de la chasse, c'est un cas de légitime défense.
Ils ne sont par contre pas autorisés à mettre en place des pièges dans le but de les capturer car cela pour blesser l'animal. C'est valable pour tous les animaux.



Les agriculteurs perçoivent-ils des indemnisations en cas d'attaques sur leur troupeau?

       Il y a beaucoup de fermes ovines à Uppland mais les attaques sont très rares car le lynx trouve déjà les proies dont il a besoin.

            C'est le CA qui a la charge de payer les indemnisations. Ils n'indemnisent pas le stress occasionné sur le troupeau: la plupart du temps, c'est impossible de relier l'attaque d'un prédateur avec le stress, il y a trop de facteurs. Les animaux tués ou blessés sont compensés. Cela peut être de l'ordre de 2500Kr (i.e. 275€) par exemple pour une brebis. Cela peut être plus si le mouton est de haute race ou moins si c'est un jeune mouton. Ils indemnisent aussi l'animal et les frais vétérinaires dans le cas d'une attaque sur un chien de chasse.


            Le CA donne également l'argent dont l'éleveur a besoin pour installer des clôtures électriques. Elles doivent être mises en place de manière spécifique et peuvent durer 20 ans.
Certains éleveurs utilisent ces clôtures électriques (à fort voltage électrique) mais ce type de protection est plus efficace sur les loups et les ours que sur les lynx: le lynx est capable de sauter par dessus la clôture très facilement. Cela résout une situation très efficacement et rapidement mais seulement dans le cas des loups et des ours.

      Un chien de protection est parfois utilisé. Il y en a deux dans ce Comté mais ils ont été placés dans le but de prévenir des attaques de loups, pas de lynx.



      Deux types de clôtures électriques:





Le lynx est capable de sauter par dessus une clôture très facilement :

Source photo : KORA

Qui est chargé de vérifier la dépouille de l'animal et de confirmer que c'est une attaque de lynx?

       Un agent formé se rend sur place. C'est au CA de vérifier le corps et d'arriver à une conclusion. L'agriculteur doit appeler le CA s'il souhaite recevoir des indemnisations.


Quels types de dégâts sont observés dans le cas d'une attaque de lynx?

       Il s'agit souvent d'un problème qui se résume à un individu car la plupart des lynx n'attaquent pas les troupeaux de moutons, ils sont trop farouches. Il y a eu un cas dans la région d'une ferme de chevreuil (vente de viande et possibilités de chasse, 60 à 70chevreuil sur 10km²) où un lynx faisait des attaques récurrentes malgré des hautes clôtures. Le CA a donné à l'éleveur 4 permissions de tirer le lynx en un an mais sans résultat.
       Le CA s'est finalement chargé de chasser l'animal pour lui.




  • Conclusion
            Le cas de la Suède peut paraître paradoxal dans un contexte où le lynx est classé espèce protégée mais la chasse qu'ils y pratiquent est basée sur des méthodes scientifiques et hautement suivie et régulée.
Le but de cette chasse est de prévenir les dégâts sur l'agriculture mais aussi de réguler la population de lynx à un niveau suffisant qui lui permette de survivre à long terme et, dans le même temps préserver ses proies, comme le chevreuil et le renne, à un niveau élevé qui les laissent disponibles.
       De plus, le recensement mené sur la période 2010-2011 montre que la population a augmenté significativement. Actuellement, la population du lynx en Suède est proche de 1 500 individus.



vendredi 27 janvier 2012

Les conférences à venir!

Conférence "Il était une fois le lynx"

Le 10 février 2012, 20h
Salle polyvalente de Holzwihr par l'APPECVH

         Conférence avec projection numérique sur l'histoire du Lynx en Alsace (et même au delà...).
Soirée animée par Christophe WOEHRLE, étudiant en Histoire franco-allemande à l'Otto-Friedrich Universität de Bamberg (D) et intervention de l'ONCFS sur la situation actuelle du Lynx dans le massif Vosgien et en France.


Site Web : http://www.holtzwihr.fr/news00011cbb.html




Conférence "Sur la piste du lynx"

Le jeudi 29 mars 2012, 18h30
Muséum-Aquarium de Nancy Conférence de François Léger et Alain Laurent, Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, Réseau Lynx


       Alain Laurent est un naturaliste qui parcourt le Massif des Vosges depuis de nombreuses années et qui se passionne pour le lynx. Son « flair » de naturaliste l’a guidé dans la montagne vosgienne où il a fait de nombreuses rencontres avec le lynx. À l’aide de clichés réalisés en nature, il nous fera part de son expérience de terrain, pour nous faire découvrir l’intimité du félin, et nous révéler des comportements parfois spectaculaires et même insoupçonnés. C’est toute cette aventure qu’il nous fera partager à l’occasion de cette soirée.

        François Léger est technicien de l’Environnement. Il nous donnera quelques repères sur le retour du lynx dans le Massif vosgien depuis la réintroduction qui débuta en 1983 et le suivi de l’espèce qui a été mis en place. La situation actuelle de l’espèce dans le Massif vosgien sera évoquée ainsi que la situation de l’espèce dans le contexte français.
Les deux conférenciers travaillent à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage et participent à l’animation du « Réseau lynx » dans le Massif vosgien et le Massif jurassien, mis en place à partir de 1989 par le Ministère chargé de l’Environnement.

Site Web : NancyStan

mercredi 25 janvier 2012

À ne pas manquer!




Dimanche 29 janvier 2012 à 20:40

Rediffusions :
04.02.2012 à 16:15

"La France sauvage"
(France, 2011, 89mn)
ARTE

Réalisateur: Augustin Viatte, Frédéric Febvre




Source  photo : Ceridwens


Synopsis


      Au fil des saisons, ce documentaire événement propose un voyage exceptionnel au coeur de la vie sauvage. Un hymne à la beauté et à l'incroyable diversité naturelle de la France, porté par la voix de Sophie Marceau.

      Pour les animaux et les plantes, la France est une terre d'exception. Un pays unique qui accueille une étonnante variété d'espèces, du bord de mer jusqu'en haute montagne. On y trouve l'un des derniers fleuves sauvages de l'Europe, la Loire, des marais peuplés d'oiseaux au centre de la France, des steppes africaines au coeur du maquis provençal, des neiges scandinaves au sommet des Alpes, ou encore des mers tropicales turquoises autour de la Corse...
      Tous ces milieux naturels abritent des plantes et des animaux méconnus ou familiers : oiseaux multicolores, mammifères de tout poil, orchidées sauvages, requins géants, lynx boréal, ou encore insectes minuscules...
      Durant une année, au rythme des quatre saisons, nous suivons l'aventure sauvage de ces espèces et découvrons leur comportement dicté par la grande horloge de la nature. Nous voyageons de l'aérien au sous-marin, du minuscule au gigantesque, de l'émotion des naissances au frisson de la prédation pour découvrir un autre visage de la France. Le film est une invitation à l'émerveillement afin de comprendre que la nature est précieuse, forte, fragile. Et que nous en faisons partie.

Source : arte

mardi 24 janvier 2012

À venir

      Le prochain article sera consacré au rôle des Conseils Administratifs des Comtés de Suède, équivalents de nos régions en France:




       Ces administrations ou County Administrative gèrent les quotas de tirs de lynx et sont chargées chaque année de faire le recensement de ces félins dans leur comté respectif.
Les agriculteurs s'adressent également à eux lorsque leur troupeau est victime d'une attaque de loup ou de lynx afin de percevoir une indemnisation.

      J'ai pu rencontrer Johan Månsson du County Administrative d'Uppsala, qui traque régulièrement le lynx en hiver pour estimer sa population à Uppland. La population de lynx dans la région d'Uppsala est la plus dense de toute la Suède, voir même de toute l'Europe (!) comme le montre la carte ci-contre [les points rouges représente les individus régulièrement recensés].   




      Le prochain article répondra aux questions suivantes:

  - Comment sont établis les quotas de lynx dans chaque comté?
  - Quel est le statut du lynx en Suède malgré ces faits?
  - Comment est estimée la population de lynx chaque année?
  - A quelles indemnisations ont droit les agriculteurs en cas d'attaque?

Photo : © Vincent Vignon

Photos récentes de lynx suisses

Série de photos prises dans les Alpes Suisses en décembre dernier par KORA!

Sur le site : Le Temps

lundi 23 janvier 2012

Les derniers lynx d'Espagne

Un reportage de National Geographic sur le lynx Ibérique d'Espagne (en anglais):

lundi 16 janvier 2012

Le peuple Sami, les élevages de rennes et le lynx


  • HISTORIQUE ET CONTEXTE

La terre du peuple Sami se nomme Sápmi. Cette superficie s'étend à travers quatre pays, la Suède, la Norvège, la Finlande et la Russie. Les Samis ont vécusur ce domaine depuis des temps révolus, avant même qu'ils ne soient envahis et colonisés. A l’origine, latraditionnelle région Sami était plus vaste, mais petit à petit elle s’est vue limitée…

Aujourd’hui, environ70 000 Samis vivent en Scandinavie :
- Environ 40 000 en Norvège
- Environ 20 000 enSuède
- Environ 6 000 en Finlande
- Environ 2 000 en Russie
Ces populations autochtones de la Scandinavie ont leur propre culture, langue, coutumes et traditions qui sont bien différentes de celles de notre société.

La communauté Siida - une chasse organisée et la sociétéde collecte

A l’époque où les Samis vivaient encore sans être affectés par les pays nordiques, ils étaient organisésen systèmes locaux, les Siida. Le Siida contrôlaitune certaine zone, qu’aucune autreSiida ne pouvait utiliser. Le Siida était une équipe de chasse efficace et composée d'une dizaine de familles qui, ensemble, utilisaient la terre et l'eau. Au sein du Siida, les terrains de chasse et les cours d’eau de la pêche étaient répartis selon les besoins. Ils faisaient des migrations saisonnières en fonction de ce que la nature leur offrait.

La nourriture principale était la viande de renne sauvage, d'autres animaux sauvages et les poissons.Baies et légumes ont aussi fait partie de la nourriture.


Le piégeage

Une méthode courante de la chasse était l'utilisation de pièges. Au début les pièges étaient faits de tendons, de retors de crin, de chanvre et de fil de lin. Plus tard, le fil de laiton et le cuivre ont été utilisés. Les animaux piégés étaientdes rennes sauvages, des ours, des coqs de bruyère, des tétras et des lagopèdes.

Négociation

Déjà à un âge précoce, des personnes environnantes ont commencé à commercer avec les Samis. Les fourrures étaient des marchandises importantes comme par exemple, l'écureuil, la martre, le renard, le carcajou, le lynx, l'ours et les rennes.
Le coq de bruyère, le tétras et la poule noisette ont également été des marchandises. Progressivement, les pays nordiques ont commencé à percevoir les impôts du peuple Sami et les fourrures étaient souvent utilisées comme moyen de paiement.


  • LE DEVELOPPEMENT DE L'ELEVAGE DE RENNES

    Au 17ème siècle, les troupeaux de rennes sauvages ont diminué et les pays nordiques introduisirentun nouveau système fiscal. Ce changement signifiait que les Samis allaient devoir trouver de nouvelles façons de subvenir à leurs besoins pour satisfaire ce nouveau système d’impôt des États. Cela signifiait aussi que les besoins en rennes allaient augmentés car la plupart des impôts étaient payés avec de la viande et de la fourrure de rennes. La population Sami a également augmenté durant cette période, ils ne pouvaient plus faire face aux besoins uniquement par la pêche et la chasse.
    C’est à cette époque que les Sami ont augmenté leurs troupeaux de rennes apprivoisés, ce qui a conduit à la fin de la communauté des chasseurs. L'élevage de rennes est devenu progressivement le gagne-pain principal pour la population Sami.

    Les rennes au centre de la vie Sami

    Lorsque l'élevage de rennes est devenu un moyen de subsistance essentiel, les rennes ont alors eu un fort impact sur les Samis : ils ont imprégnés leur culture et leur mode de vie. La vie des Sami s’est adaptée à celle du renne : ils ont suivi les migrations annuelles du renne entre leurs différents pâturages.

    Le marquage des jeunes rennes


    Lorsque les troupeaux de rennes sont devenus plus conséquents, les Samis ont dû commencer à marquer leurs animaux pour discerner à qui ils appartenaient. Afin de les distinguer, les jeunes rennes sont marqués au niveau des oreilles avec une combinaison d’entailles. Une trace écrite est conservée pour connaître le nombre de rennes marqués. Une marque de renne est personnelle et est transmise de génération en génération dans une même famille. Le petit renne suit sa mère, il est donc possible de savoir à qui il appartient.



    L’ELEVAGE DES RENNES TOUT AU LONG DE L'ANNEE

    Camp de printemps – vêlage

    En mai, ils étaient dans le camp de printemps (souvent le même que le camp d'automne), qui était située dans les hautes régions de la forêt de bouleaux. Ils y restaient pendant environ 1 ½ - 2 mois. Pendant ce temps, les rennes vêlaient et les petits rennes avaient une chance de se renforcer avant que la migration estivale ne commence.

    La migration d'été

    La migration estivale avait lieu dans la deuxième quinzaine de juin. Ils se déplaçaient à l'ouest vers les régions de haute montagne, à flanc de montagne, vers lesfjords ou sur les îles.
    Ils restent dans le camp dété pendant environdeux mois. La tente est miseen place en amont. Si leur logement se situait près d’un lac, ils avaient souvent recours à unbateau et des filets pour la pêche.
    © Jason Roberts/Jason Roberts Productions

    La migration automnale

    À la fin du mois d'août, la migration vers le camp d’automne commence. Le renne porteles bagages sur son dos.
    En Septembre, ils viennent au camp d'automne et y restent pendant2 mois. Certains des mâles sont castrés puis apprivoisés pour tirer des traîneaux. Ceci se fait également avantla saison du rut vers la fin septembre.Sinon la viande des rennes mâles a mauvais goût etn'est pas comestible.
    Copyright © (C) Bryan and Cherry Alexander Photography

    Attroupement des rennes

    Pendant Octobre, les rennes qui parcouraient relativement librement les terres en Septembre sont regroupés en fonction de familles en les séparant au lasso.

    Migration d’hiver

    Elle a habituellement lieu en novembre.Ils se déplacent vers les terres de forêt. Les hommes partaient avec le troupeau de rennes et les chiens étaient d'une grande aide pour garder le troupeau regroupé. Après le troupeau viennent les traîneaux de rennes, souvent dirigés par les femmes.

    En décembre ils arrivent aux pâturages d'hiver qui sont souvent situés dans les forêts de conifères. Pendant l'hiver, ils gardentle troupeau et le déplace entre les différentes zones de pâturage.


    Camp d'hiver

    Ils restent dans les pâturages d'hiver jusqu'au milieu du mois d'avril. Si le pâturage était bon, ils pouvaient eux-mêmes s’occuper d'autres corvées comme fabriquer des traîneaux, des skis, etc. Les femmes faisaient de l'artisanat.

    La migration printanière

    Elle commence au milieu du mois d'avril. Ils passent ensuite au camp de printemps. Ils s’y rendent relativement vite : il est nécessaire d’arriver au camp de printemps avant que la saison de vêlage ne débute. Ils se déplacent souvent la nuit, quand la neige rend les chemins difficiles à parcourir.

    Le renne : nourriture et habitat

    Les rennes se nourrissent de différentes sortes de lichens et d’environ 250 espèces de plantes. La nourriture d'hiver (lichens) n’est pas très nutritive et ne satisfait pas les besoins en énergie des rennes. Par conséquent, en été/automne, les rennes se constituent une réserve importante de graisse pour survivre l'hiver.


    Un renne mâle peut atteindre un poids de 100-150 kg
    Un renne femelle a un poids de 60-90 kg
    En Suède, il y a des rennes de montagne et des rennes des forêts. Le renne de montagne vit en altitude pendant la saison estivale et dans les forêts pendant la saison hivernale. Le renne de forêt demeure dans la forêt durant toute l'année. En Scandinavie, les rennes sont semi domestiqués (en partie apprivoisés) et sont parqués à la fois dans la montagne et la région forestière.

    • L'ELEVAGE DE RENNES AUJOURD'HUI
    Le village lapon d'aujourd'hui

    ©Raymond Molony

    Aujourd'hui les anciennes et nouvelles technologies se côtoient. Un bon exemple est que leschiens de troupeau et le lasso sont toujours utilisés régulièrement avec lesmotoneiges. Le développement technologique conduit régulièrement l'élevage de rennes à évoluer. Les chiens de traineaux constituent toujours un moyen très rapide (et écologique) pour se déplacer.

    Chiens de traîneau vers Kiruna © Landeline Valory


    Actuellement, l'élevage de rennes demeure dans les villages samis. Un village sami est une région géographique et une coopération économique. Dans cette zone, les membres du village sami ont le droit de travailler avec leurs troupeaux de rennes, de chasser et de pêcher.
    La Suède compte 51 villages samis, qui sont divisés en petits villages de montagne, de forêt et de concession Sami. Les villages de montagne Sami se déplacent avec leurs rennes, entre les montagnes en été et les forêts de conifères en hiver.
    - Il y a un peu plus de 4500propriétaires de rennes en Suède
    - Il y a environ 230 000 rennes en Suède
    - L'élevage de rennes secteur représente environ 40% de la superficie de la Suède


    Des migrations constantes
    Dans tous les villages samis les rennes se promènent et se déplacent entre les différents pâturages. Les zones de pâturageont des caractéristiques différentes d'importancesdiverses pour les rennes en fonction de la période de l'année. Pour se déplacer entre les différents domaines, les Sami utilisent des sentiers pédestres souvent très anciens.

    Suivant la période de l'année, les éleveurs de rennes utilisent différents enclos pour la collecte, l’attroupement, le marquage et/ou l'abattage des rennes.

    © Jason Roberts/Jason Roberts Productions

    Une entreprise contrôlée par la nature

    L'élevage de rennes est probablementla seule forme nomade d’élevage qui existe encore en Europe. C'estune entreprise qui dépend fortement des conditions naturellescomme la météo, la température, levent, la neige- les conditions de dégel, etc. Aucune année ne se ressemble.


    En Suède, il y a cinq grands prédateurs :le lynx, le carcajou, le loup, l'ours et l'aigle des rois. Tous sauf le loup partagent leur territoire avec la zone d'élevage de rennes. Pour cela, ces prédateurs constituent un danger de taille pour le renne et risque d’affecter le rendement de l’éleveur.

    C’est pourquoi il faut trouver unmoyen de réduire les attaques de lynx sur les troupeaux de rennes tout en respectant ce félin dont l’espèce est classée « en danger ».

    En février je rencontrerai un éleveur sami pour qu'il m'apporte sa vision ar rapport aux lynx.
    Affaire à suivre!

    Renne à Jukkasjärvi © Landeline Valory

    Le Parc des Félins (Seine et Marne) et le Parc de Sainte Croix (Nancy)

    Ces parcs accueillent tous les deux des lynx et sont un émerveillement pour les yeux!

                       

    Reportage sur le Parc des Félins :

    Colloque sur les réintroductions animales (Lyon - 10 et 11 février 2012)


    Pour voir l'article, cliquez ici

    Les lynx jurassiens capturés par pièges photographiques - Etude 2011

               Une étude scientifique a été menée par les fédérations de chasse du Jura et du Doubs, l’ONCFS, l’ONF et le Centre national d’étude et de recherche appliquée (Cnera) au moyen de nombreux pièges photographiques. Une première en France!

               Les résultats ont été rendus officiels et conclue à une densité de lynx à un individu par 100 km ², ce qui se rapproche des chiffres trouvés par le KORA lors d'une étude menée en Suisse.

               Cette étude a permis aussi de photographier en masse les lynx de nos forêt jurassiennes!



    Photo ONCFS

    Voir l'article : Le Progrès

    dimanche 8 janvier 2012

    Séjour à Kiruna : découverte des peuples Sami

          Je me suis rendue à Kiruna dans le Nord le 30 décembre pour avoir une meilleure connaissance du terrain en Laponie et en apprendre plus sur le peuple Sami.
    Les bottes fourrées et les polaires étaient de mise pour l'occasion!

    A : KIRUNA
    Uppsala


          Très peu d'agglomérations à l'horizon.
          Les températures habituelles en hiver atteignent les -30°C mais nous traversons actuellement un hiver "chaud" : il faisait entre -15°C et -5°C à Kiruna avec des hauteurs de neige dépassant déjà 50cm!


    Prochain article :
    Le peuple Sami : culture et mode de vie - interaction avec le lynx
    La place du lynx en Laponie



    Photo de rennes à Jukkajärvi